Et vive le Nucléaire !

vendredi 11 octobre 2013
par  François DART

A condition de ne pas être toujours à la traîne, de ne pas avoir seulement des idées, mais aller de l’avant ...

Aujourd’hui, Areva construit, avec quelques difficultés, des réacteurs de 3e génération à sécurité augmentée.

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Un réacteur EDF de 3ème génération pour préparer l’avenir

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Pour assurer l’avenir du nucléaire en France, EDF, en partenariat avec d’autres industriels (AREVA, SIEMENS), a développé un réacteur de troisième génération : l’EPR (European pressurized reactor). Ce réacteur nucléaire est le fruit de l’expérience accumulée de l’exploitation depuis plusieurs décennies de centrales nucléaires, notamment en France et en Allemagne. La tête de série pour EDF de cette nouvelle génération de réacteurs est actuellement en construction à Flamanville. En tant que maître d’ouvrage du chantier, EDF pilote la construction de cette centrale nucléaire, la première depuis une quinzaine d’années en France et assurera ensuite son exploitation en toute sûreté. L’objectif pour EDF avec ce projet est non seulement d’assurer les besoins en électricité de demain, mais aussi de conforter ses compétences d’architecte ensemblier pour contribuer à la poursuite du développement de l’énergie nucléaire en France et dans le monde.

Dans le monde, la quatrième génération de réacteur est en route et parmi les trois options possibles, sera probablement choisi le réacteur au thorium et à sel fondu modéré au graphite.

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Ce type de réacteur a été testé 4 ans de suite à Oak Ridge aux USA sans aucune défaillance.

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Le thorium étant peu radioactif, il faut initier la réaction avec des déchets radioactifs de centrales traditionnelles à l’uranium. Tout au long de sa vie, un réacteur au thorium peut ainsi absorber des déchets à longue durée de vie pour les transformer en déchets à courte durée de vie. C’est donc un dépollueur radioactif net.

Le fait de travailler au sel fondu (600-900°C) permet de construire des réacteurs à pression atmosphérique, alors que les réacteurs traditionnels fonctionnent à 150 bars. En cas d’emballement, fort improbable, le bouchon inférieur cristallisé fond automatiquement pour vider le sel fondu dans une cuve de neutralisation. L’arrêt de la réaction est immédiat.

Le thorium est un métal peu utilisé et sa cartographie est faible. Il est cependant présent dans la couche terrestre à des quantités très supérieures à l’uranium. Les réserves naturelles actuelles permettraient de produire l’électricité de la planète pendant 500 ans sans pollution radioactive à long terme et sans CO2.

Une idée complémentaire est la construction de centrales enterrées (brevets suédois) permettant de constituer un sarcophage naturel autour du réacteur évitant ainsi son démantèlement. En fin de vie, il suffirait simplement d’éliminer le sel et les quelques ouvrages de surface. Les suédois ont une grande habitude de ce genre d’installations car, au temps de la guerre froide, ils ont enterré 30% de leurs usines.

Le réacteur que construit l’Iran utilise cette technique à des fins de protection. Il est enterré à une profondeur telle que les missiles israéliens les plus performants ne peuvent l’atteindre et que seuls les missiles américains les plus sophistiqués pourraient espérer l’endommager.

Nous avons en France les meilleurs ingénieurs et scientifiques du nucléaire : Areva reste à la pointe de la technologie nucléaire mondiale et le CEA est le premier centre de recherche nucléaire du monde.

Un tel projet de réacteur a-t-il été présenté dans les 34 projets hollandais ? Areva pourrait mener à bien ce projet, plus abordable que celui des réacteurs de 3eme génération, mais notre gouvernement a besoin des écolos pour ses élections et parler du nucléaire est devenu tabou. Même le CEA s’appelle maintenant Commissariat aux Energies Alternatives !

Alors devinez qui va réaliser le réacteur du futur ? Un accord de coopération vient d’être conclus entre la Chine et les Etats-Unis pour ce projet, piloté par le fils de l’ancien président Jiang Zemin.

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Mais peut-on encore comparer la Chine, où les principaux dirigeants sont des ingénieurs, avec la France, gouvernée par une bureaucratie techniquement inculte ?

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Voici ce qui se passe, lorsque l’on pense en regardant derrière soi

Réacteurs nucléaires "de 4ème génération" : le grand bluff !

Les tenants de l’atome sont inquiets. Non, ce n’est pas à cause des risques de catastrophe nucléaire, pourtant plus élevés que jamais, ou du fait de la contamination de la planète par les déchets radioactifs. Pour ces petits "détails", les bonnes vieilles méthodes sont toujours de mise : désinformation massive, compagnies de CRS prêtes à agir, arrêtés secret défense, etc.

Mais alors, qu’est ce qui peut mettre en danger une industrie aussi puissante, soutenue par les "grands de ce monde" (Bush, Poutine, Blair, Chirac, Berlusconi, etc., mais aussi le chinois Hu Jintao et l’indien Singh) ?

Tout simplement, le nucléaire mondial est menacé de tomber définitivement en "panne sèche" : pour fonctionner, les réacteurs ont besoin de combustible, c’est-à-dire d’uranium. Au rythme actuel de consommation, avec 435 réacteurs nucléaires sur Terre, les réserves de ce minerai sont estimées à environ 100 ans.

Plutôt gênant pour une industrie dont on nous dit qu’elle pourrait remplacer le pétrole : ce dernier, au vu des récentes réévaluations de ses réserves mondiales, pourrait en fait disparaître… bien après le nucléaire ! Mieux : si de nombreux réacteurs atomiques sont construits sur la planète, comme on nous l’annonce ici ou là, l’uranium viendra à manquer encore plus tôt, dans 50 ans, ou 30 ou même 20. Imaginez des milliers de réacteurs neufs et… définitivement arrêtés !

Le problème vient de ce que seulement 0,7% du minerai est effectivement utile : c’est l’uranium 235, qui est fissile (c’est-à-dire qu’il permet une réaction nucléaire) contrairement à l’uranium 238, non fissile, qui représente donc 99,3% - inutiles - du minerai.

Alors, les tenants de l’atome tentent de mettre au point des "nouveaux" réacteurs qui arriveront à utiliser une part de l’uranium 238, réglant pour des millénaires le problème du combustible nucléaire. Nous mettons nouveaux entre guillemets car, nous allons le voir, il s’agit d’une véritable supercherie, un bel emballage marketing appelé la "génération IV".

Il s’agit, pour l’industrie nucléaire, de donner l’impression qu’elle progresse constamment.

Ainsi, les réacteurs nucléaires construits dans les années 50 et 60 constitueraient la "première génération". En France, il s’agit des réacteurs "graphite-gaz" situés à Marcoule, Chinon, St-Laurent-les-Eaux et Bugey. En Grande-Bretagne, il s’agit des réacteurs "magnox".

Les réacteurs actuels, 58 en France, seraient de "deuxième génération".

Les projets de nouveaux réacteurs, comme l’EPR français et l’AP 1000 de l’américain Westinghouse (récemment racheté par les japonais), représenteraient la "troisième génération".

Et, "bientôt", nous verrions surgir les réacteurs de "4ème génération", qui auraient pour particularité de réaliser de véritables miracles, et en particulier d’utiliser une partie de l’uranium 238. Il serait alors réellement possible de construire sur Terre des milliers de réacteurs sans risquer la panne sèche.

Tant que nous y sommes, ces "nouveaux" réacteurs seraient aussi capables de "transmuter" les déchets radioactifs. La transmutation, c’est un véritable miracle : transformer des déchets nucléaires très dangereux en déchets presque inoffensifs. Il suffisait d’y penser. Et ce sont précisément les réacteurs dits de "4ème génération" qui doivent réaliser ce tour de passe-passe. Non contents de démultiplier les réserves de combustibles, ils doivent donc aussi régler la question des déchets radioactifs, véritable "talon d’Achille" de l’industrie nucléaire.

Il y a juste un petit problème concernant ce bel ensemble : la "4ème génération" de réacteurs… n’existe pas. Ou plutôt elle existe depuis longtemps déjà, et elle n’a réalisé aucun des miracles attendus. En fait, tous les types de réacteurs que nous avons évoqués existent depuis les années 50. Ils sont tous "frères", aucun n’est plus avancé que les autres. Simplement, pour des raisons techniques et économiques ; certains ont été privilégiés, comme les REP (réacteurs à eau pressurisée) qui constituent la majorité des réacteurs en service sur la planète, et même la totalité des 58 réacteurs français.

Mais on trouve aussi actuellement des réacteurs à eau bouillante (REB), des CANDU canadiens (en fait des REP fonctionnant avec de l’uranium non enrichi), des RBMK de type Tchernobyl, (dits à "neutrons lents" et "modérateur graphite"), etc. Et il existe actuellement, et depuis longtemps, des réacteurs qui relèvent de la supposée "4ème génération", et ce avant même que ne soient construits ceux de la supposée 3ème, ce qui montre bien que tout ceci n’est qu’habillage publicitaire.

Vous avez certainement entendu parler de Superphénix. En cours de démantèlement, situé à Creys-Maville, en Isère, il a seulement réussi à désintégrer… 10 milliards d’euros ! Vous connaissez peut-être aussi son vieux frère Phénix : situé à Marcoule dans le Gard, il est lui toujours en fonction (à puissance réduite) malgré des problèmes restés inexpliqués. Il s’agit de réacteurs particuliers (appelés surgénérateurs), dits "à neutrons rapides" (RNR) et utilisant du sodium comme caloporteur.

Et bien, devinez quel est le projet de la France pour son "premier" réacteur dit de "génération 4". La réponse est donnée par le CEA lui-même : "D’ores et déjà, la filière RNR sodium apparaît raisonnablement comme la plus compatible avec l’échéance de 2040" (*). Un réacteur à neutron rapide et caloporteur sodium, ne cherchez pas plus loin : c’est le retour de Superphénix, qui, comme son nom l’indique, renaît indéfiniment de ses cendres !

Le CEA reconnaît lui-même la mystification : "L’enjeu de préserver les ressources naturelles en combustible et d’optimiser leur utilisation sur le long terme s’est également traduit, dès les débuts, par le développement des réacteurs surgénérateurs à neutrons rapides, refroidis au sodium, notamment aux Etats-Unis (réacteur Enrico Fermi en 1963), en Russie (BOR 60 en 1968, BN 350 en 1972 et BN 600 en 1980), en France (Rapsodie en 1967)" (**) Ces vieux réacteurs sont d’ailleurs classés par le CEA dans… la première génération. Et voilà qu’on les ressort du formol sous l’appellation "génération 4"...

Pour faire bonne mesure, ces mêmes réacteurs sont… aussi de la deuxième génération (!) : "En parallèle à cet effort [ie : le développement de la supposée "deuxième génération"], la préservation des ressources naturelles a motivé la poursuite du développement des réacteurs surgénérateurs à neutrons rapides refroidis au sodium, notamment en Russie (BN 350 en 1972 et BN 600 en 1980), en France (Phénix en 1973, Superphénix en 1985) et au Japon (Joyo en 1978 et Monju en 1994)."

Si les nucléocrates issus de nombreux pays se rassemblent aujourd’hui dans le "forum génération 4", c’est bien qu’aucun de ces réacteurs n’a réalisé les miracles attendus. Mais, pourquoi y arriveraient-ils prochainement ? Cependant, envisageons quand même que ce soit (enfin !) le cas. Serait-ce pour autant le rêve ? Loin de là : voici ce qu’en dit Robert Dautray, peu soupçonnable d’être antinucléaire puisqu’il fut carrément Haut-Commisaire à l’énergie atomique (1993-1998). Dans son rapport sur la transmutation remis à l’académie des sciences, Robert Dautray écrit :

"C’est donc un système nucléaire vaste et complexe qui est à créer (…) Ce système radioactif ne pourrait être créé, pour éviter de trop nombreux transports de substances radioactives, que dans un immense parc nucléaire adossé à l’usine séparant tous ces corps réputés potentiellement plus dommageables que les autres, et que l’on devrait séparer chimiquement. Donc, cet immense parc nucléaire devrait être adjacent à l’usine de retraitement sur laquelle on ajouterait les nouvelles unités de séparation chimiques. Il faudrait y placer toutes les fabrications de cibles à irradier, les réacteurs brûleurs et le traitement des cibles irradiées, et cela avec de nombreux recyclages. Il faudrait exiger des pertes et des impuretés minimales, au prix d’une complication technique extrême et d’un effort supplémentaire. N’oublions pas les usines-pilotes, puis les usines-prototypes, les réacteurs-démonstrateurs avant que les réacteurs-brûleurs ne soient construits en grande taille et en grande quantité. Tout cela nous parait d’une complexité jamais égalée, mettant en jeu toutes sortes de rayonnements. Ce parc nucléaire contiendrait tant de corps radioactifs aux multiples risques potentiels qu’il faudrait le protéger, le garder comme une citadelle militaire, y compris du dessus. Et que dire des servitudes des travailleurs qui devraient y entrer et en sortir chaque jour, et des transports de corps radioactifs inévitables qui pénétreraient et sortiraient ?"

Il apparaît donc que cette "4ème génération", à supposer qu’elle soit un jour mise au point, non seulement ne règlerait pas les problèmes de l’humanité mais nous plongerait au contraire au cœur d’un véritable cauchemar.

Pire : ce système global serait basé sur l’utilisation massive du plutonium, avec d’incommensurables dangers en terme de rejets dans l’environnement, de démultiplication des transports, de risques d’attentats, ainsi que de prolifération à des fins militaires.

Nous l’avons dit, toutes ces promesses ont un seul but : donner l’impression que le nucléaire progresse. Belle manipulation : annoncer la 4ème génération… pour mieux construire aujourd’hui des réacteurs tout à fait ordinaires (c’est-à-dire dangereux et producteurs de déchets). C’est le cas en France où l’on nous annonce pour 2025 la quatrième génération… pour mieux construire tout de suite des EPR, réacteurs nucléaires venus du passé.

Idem aux USA : le CEA nous explique que, "Prenant conscience de risques de pénurie et de dépendance énergétique à moyen terme, le gouvernement américain, à travers le Department of Energy (DOE), s’est engagé dans un effort de relance des moyens de production en électricité." Et que, de fait, cela s’est traduit par deux actions (présentées comme complémentaires) :

"- la première, purement américaine, est destinée à faciliter la construction de nouveaux réacteurs aux Etats-Unis, à court terme (2010) ; il s’agit du programme Nuclear power 2010 (NP 2010). Un groupe ad hoc, le Near Team Deployment Group (NTDG) a évalué les réacteurs susceptibles d’être construits d’ici 2010, a identifié les problèmes éventuels à résoudre tant au niveau technique que réglementaire ou administratif, et a proposé des actions facilitant le déploiement à court terme de ces réacteurs nucléaires de troisième génération.

- La seconde est le Forum international Generation IV."

On voit bien là aussi que la seule chose vraiment concrète est le projet de construire au plus vite des réacteurs de "3ème génération", c’est-à-dire, à nouveau, des réacteurs totalement ordinaires.

Autre mystification "Ces systèmes permettent également d’autres applications que la production d’électricité, telles la production d’hydrogène ou le dessalement de l’eau de mer". En clair, sachant que des centaines de millions de gens n’ont toujours pas accès à l’eau potable, il faut construire… des réacteurs nucléaires ! En réalité, des techniques douces comme l’osmose inversée donnent des résultats remarquables sans nucléaire.

N’en jetons plus : la 4ème génération de réacteurs nucléaires est une mystification qui ne règlera pas les problèmes, insolubles, de l’industrie atomique et ne fera pas disparaître les déchets radioactifs. Qu’on se le dise : le nucléaire n’a pas d’avenir. Alors, autant le stopper au plus vite avant qu’il n’occasionne un nouveau Tchernobyl.


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