Taille des arbustes d’ornement

lundi 14 janvier 2013
par  François DART

Les arbustes sont d’une importance capitale pour la beauté d’un jardin. Et ils sont souvent bien faciles à soigner. Mais on a tendance à les oublier un peu et leur beauté n’est pas toujours mise en valeur. C’est bien dommage car il suffit de consacrer un peu d’attention à chacun et leur attrait s’en trouve considérablement augmenté.


La taille des arbustes à fleurs à l’automne -... par TruffautFR

Une condition indispensable pour avoir de beaux arbustes dans son jardin : une bonne taille

Que les arbustes soient utilisés comme ornement, isolés ou en groupe, un autre élément est très important pour leur beauté : la taille. Mais le mot est à double sens. Car il faut d’une part que la taille de l’arbuste, c’est à dire sa hauteur et sa largeur, soit compatible avec la place que l’on prévoit pour lui. Et il faut aussi que la façon dont l’arbuste est taillé soit compatible avec son mode de croissance.

Un espace vital adapté à la taille de chaque arbuste

Donner de la place à un arbuste ne veut pas forcément dire le planter en isolé, en excluant les autres. Choisir des espèces qui s’accordent bien entre elles tout en ménageant l’espace vital nécessaire à chacun.

Une autre condition : une taille appropriée

Pourquoi doit-on tailler un arbuste ? On l’a déjà indiqué, ce ne doit pas être pour essayer de le faire rentrer dans un espace donné. Tailler ne veut pas dire rogner et diminuer, sauf si on cherche à créer une tête de saule. Bien au contraire, on cherche à mettre en valeur la structure propre de l’arbuste ou à susciter la repousse de nouvelles branches pour régénérer l’arbre et favoriser sa floraison.

Comment et quand intervenir ?

Nous voici au cœur du sujet : comment tailler les arbustes ?

Deux critères sont déterminants : le mode de croissance des arbustes et leur mode et date de floraison. Si l’on connaît la réponse à ces questions, on possède la clé d’une taille raisonnée et bien adaptée à chaque végétal.

La manière de pousser : tous les arbustes ne se ressemblent pas.

Les arbustes ne poussent pas tous de la même façon et le critère qui les différencie se rapporte à l’endroit d’où ils produisent de nouvelles pousses chaque année.

Si une plante se développe à partir de sa souche ou à la base des rameaux de l’année précédente, on dit qu’elle est basitone. Si elle développe en priorité les bourgeons situés en extrémité de rameaux, et en particulier le bourgeon apical situé sur l’axe principal, on dit quelle est acrotone.

Les arbustes basitones

Voici quelques exemples d’arbustes basitones : un Amorpha fruticosa ou faux indigo, un hortensia (Hydrangea macrophylla) et un cornouiller (Cornus stolonifera). La pousse de ces arbustes est centrée autour de sa souche.

Les arbustes acrotones

Inversement, voici quelques arbustes acrotones, de beaux inconnus rencontrés au hasard de voyages : en Inde (Taj Mahal), un poivrier en Turquie, et un Poinsettia (Euphorbia pucherrima) au Pérou. On voit combien le port d’un arbuste acrotone est différent de celui d’un arbuste basitone.

Les découvertes accomplies depuis quelques années en biologie végétale permettent d’expliquer pourquoi certains arbustes poussent de la base ou au contraire en hauteur. Cela est lié à la localisation d’un type particulier de cellules appelées méristèmes. Il s’agit d’un tissu biologique constitué de cellules indifférenciées formant une zone de croissance. La plante est capable de pousser là où sont situées ces cellules. Comme celles ci sont indifférenciées, elles peuvent reproduire l’entièreté de la plante. On parle de zones à méristèmes. Si ces zones sont apicales, l’arbuste est acrotone. Si elles se situent au contraire à la base de l’arbuste, celui-ci est basitone. Et comme les choses sont rarement si simples dans la nature, elles peuvent aussi se situer un peu partout, et l’arbuste est mésotone.

Une taille adaptée au mode de croissance des arbustes

Taille des arbustes basitones

Si l’arbuste pousse de la base, c’est à la base qu’il convient de le tailler. Cela semble parfois radical. En tous cas nos stagiaires sont souvent mal à l’aise de procéder de cette façon quand ils commencent un stage de taille des arbustes. Car tailler à la base, cela veut vraiment dire tailler la plante au ras du sol, une technique que l’on appelle aussi ‘recépage’.

"Tout ce qu’il faut savoir sur la taille des arbustes" par Pulceo.com sur maTVpratique.com

Mais on n’est pas obligé de tailler les arbustes radicalement.

Une autre méthode plus douce existe, par sélection des branches. C’est ce que l’on fait par exemple pour tailler les groseilliers. Chaque année, on supprime à la base quelques branches plus anciennes et on raccourcit légèrement les autres. Cela assure une régénération régulière de l’arbuste tout en protégeant une fructification continue. Une méthode expliquée en détail dans le stage sur la culture et la taille des petits fruits.

Taille des arbustes acrotones

Inversement, un arbuste acrotone doit être taillé de façon à construire une architecture pérenne et à mettre en valeur sa structure. La taille ne sera plus une taille de régénération mais servira à renforcer la charpente de l’arbuste. Taille de raccourcissement de certains rameaux et allègement de la structure par suppression de rameaux mal orientés.

Même après des années de pratique, ce genre de taille comporte toujours un côté un peu magique. On raccourcit par exemple une branche un peu maigrelette et au printemps suivant on voit percer de beaux bourgeons à son extrémité. Un an plus tard, la branchette a doublé de volume et les bourgeons épargnés se sont transformés en rameaux qui portent de belles hampes de fleurs.

Il ne faut pas confondre cause et conséquence : ce n’est pas parce qu’un arbuste est taillé d’une certaine façon qu’il devient basitone ou acrotone.

Mais c’est au contraire parce qu’il est basitone ou acrotone qu’il faut le tailler de telle ou telle façon.

Comment faire pour connaître le mode de croissance d’un arbuste ?

Le regarder, tout simplement.

Repérer comment s’organisent les nouvelles pousses, et surtout, ne pas se hâter de conclure car toutes les variétés d’une même espèce n’ont pas forcément le même comportement. Les cornouillers mâle (Cornus mas) ou kousa (Cornus kousa) sont acrotones, contrairement aux cornouillers blanc (Cornus alba) ou sanguin (Cornus sanguinea). De même, l’hydrangea macrophylla est tout à fait basitone, mais les hydrangeas arborescens ou petiolaris (hydrangéa grimpant) sont franchement acrotones.

Des périodes et modes de floraison très distincts

La préparation des boutons floraux

Tous les arbustes ne fleurissent pas en même temps, on le sait bien, mais pourquoi ? Là encore, la réponse se trouve dans leur mode de croissance. En effet les arbustes ne produisent pas leurs boutons floraux à la même époque de l’année. Dans certains cas, les boutons se forment en été sur des rameaux qui s’aoûtent. Ils restent clos durant l’hiver suivant et éclosent au printemps, en début de saison. C’est le cas des rhododendrons et des camélias.

D’autres buissons ne forment des boutons floraux que sur des rameaux jeunes qui ont poussé à la fin de l’hiver. Les buddleias, beaucoup de spirées et de rosiers sont dans ce cas.

Il ne faut donc pas confondre les arbustes et pour savoir les réponses, une fois encore, le mieux est d’observer soigneusement les plantes.

La localisation des boutons floraux

Il est également important de noter à quel endroit le bouton floral se forme. En effet, certaines plantes ne fleurissent que sur du bois d’un an au moins, jamais sur une pousse jeune. L’arbre de Judée (Cercis siliquastrum) est dans ce cas, ainsi que la plupart des hamamélis. Tailler ces arbustes signifie donc gérer simultanément la pousse de l’année suivante mais aussi la floraison.

Ces remarques sur les modes de floraison sont extrêmement importantes pour des arbustes bien connus : les rosiers. Un rosier dit ‘non remontant’, c’est à dire qui ne fleurit qu’une seule fois par an, fleurit toujours sur du bois de l’année précédente, à partir de bourgeons floraux qui ont été induits l’été précédent. Lorsque cette réserve de boutons floraux est épuisée, l’arbuste se met à pousser. Il produit de longues tiges qui à leur tour porteront des fleurs l’année suivante.

A l’inverse, un rosier ‘remontant’ fleurit tout au long de la saison. Chaque nouvelle branchette qui pousse est capable de porter des fleurs durant la même saison, parfois jusqu’au mois de novembre. Il est donc vital de savoir à quel type de rosier on a affaire avant d’utiliser son sécateur ! C’est pourquoi nous avons posté dans ce blog un article spécialement dédié à la taille d’été des rosiers, une activité très utile mais à manier avec circonspection !

Quelques idées pour apprendre à soigner ses arbustes

On comprend pourquoi on dit que ces tailles sont ‘raisonnées’. Il s’agit de bien connaître les besoins de chaque arbuste, qui résultent de leur mode de croissance et de floraison spécifique.

Un calendrier pour les arbustes de son jardin

On n’a pas forcément besoin de tailler chaque arbuste chaque année. Ce n’est parfois même pas souhaitable. Le travail peut s’effectuer par roulement tous les 2 ou 3, voire 4 ans. Certains arbustes, les forsythias, les philadelphus, les végélias se portent mieux de tailles un peu plus espacées, mais qui sélectionnent soigneusement les branches à éliminer. D’autres, les hydrangéas, les spirées, ont besoin qu’on les suive plus souvent pour conserver une floraison abondante.

Et certains arbustes peuvent ne jamais croiser un sécateur, les pivoines en arbre (Paeonia suffruticosa), par exemple. L’organisation naturelle de leurs banches est en général assez aérée pour chaque fleur et il semblerait incongru de les supprimer.

Comment s’y retrouver dans ce dédale ?

En préparant un tableau récapitulatif, tout simplement. Il se transforme vite en calendrier de taille. C’est un peu fastidieux à préparer, mais tellement pratique ensuite !


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