Se protéger du froid

vendredi 21 décembre 2012
par  François DART

La plupart des problèmes de santé dus aux frimas peuvent être prévenus.

Le froid a un impact sur la santé et notamment sur le risque cardiaque relativement mal connu. S’en protéger l’hiver, c’est aussi éviter de s’exposer à un certain nombre de complications.

« On peut mourir de froid au sens propre, si l’on se retrouve dans des conditions extrêmes (sans abri, dans une avalanche, etc.).

Mais comme marcher dans le froid est l’équivalent d’un effort violent pour le cœur, le risque d’infarctus augmente lorsque le thermomètre affiche des températures négatives. C’est encore pire lorsque le vent et l’humidité s’en mêlent, car ils décuplent les méfaits du froid. Et au-delà de 1500 mètres d’altitude, en montagne, la raréfaction de l’oxygène accroît les difficultés chez les cardiaques et les insuffisants respiratoires ». Enfin, si par temps froid et sec, les asthmatiques risquent de faire une crise car leurs bronches se rétrécissent, c’est le risque infectieux qui l’emporte lorsqu’un temps froid humide -propice à la propagation des virus- se prolonge…

Le risque des engelures

Le cœur et les poumons ne sont pas les seuls organes cibles du froid. Nos petits vaisseaux peuvent aussi en être victimes. « C’est particulièrement vrai pour les 12% de Français qui souffrent d’une maladie de Raynaud (75% de femmes). Leurs capillaires de certains doigts se spasment aux changements brutaux de température. Donc, en passant d’un habitat douillet à l’extérieur, de blancs, ils deviennent violets par vasodilatation réflexe ».

Neuf fois sur dix, il s’agit de la forme bénigne de la maladie (un trouble chronique de la circulation du sang dans les extrémités) et une meilleure protection des mains contre le froid, voire la prescription de médicaments vasodilatateurs, suffit à la corriger. « Mais une fois sur dix, notamment lorsque l’apparition des signes est tardive -après 40 ans-, il peut s’agir d’une affection chronique comme la sclérodermie, c’est-à-dire une maladie généralisée révélée à cette occasion, d’où l’importance de consulter. »

Elles se produisent par temps froid et humide, surtout chez les femmes minces avec une maladie de Raynaud. Elles siègent au niveau des extrémités. « Sur le moment, on ne se rend compte de rien, mais de retour au chaud, douleur, brûlure, boursouflure, picotements et démangeaisons apparaissent. C’est très impressionnant, d’autant que les oreilles ou le nez peuvent également être atteints, tout comme les mains ou les pieds. Mais cela finit toujours par régresser complètement en quelques semaines ».

Ce n’est pas le cas des gelures où la circulation est totalement bloquée, d’où une atteinte parfois profonde et irréversible des tissus. Cet accident, heureusement rarissime, frappe surtout les malheureux alpinistes ou skieurs coincés dans la neige pendant de longues heures…

La bonne nouvelle, c’est que la plupart de ces problèmes de santé peuvent être prévenus. Pour cela, nous ferions bien de prendre exemple sur les Russes ou les Canadiens, habitués aux hivers rigoureux. « Là-bas, il ne viendrait à l’idée de personne d’affronter le froid sans une bonne paire de chaussures avec des semelles épaisses (donc isolantes), deux paires de chaussettes, deux paires de gants (en soie et en laine), un chapeau couvrant parfaitement les oreilles et une écharpe autour du cou. Il faut donc verrouiller toutes les portes d’entrée du froid, c’est le seul moyen d’éviter la déperdition thermique. Mais en France, avec nos préoccupations avant tout esthétiques, nous avons vraiment tout faux ».

Éviter l’alcool

Autre erreur fréquente à éviter : boire de l’alcool en se disant que cela va nous réchauffer. « L’alcool diminue la vigilance et empêche de ressentir les prémices du froid et donc de se défendre. En cas d’endormissement à l’extérieur, l’issue peut être fatale ». Rester au domicile en attendant des jours meilleurs est bien sûr la solution la plus sage, notamment pour les personnes fragiles. Cependant, même chez soi, le froid peut avoir des effets pervers indirects.

Déjà, plus il fait froid dehors et moins on a le réflexe d’aérer. La concentration en germes augmente donc dans les foyers. Comme un air trop chaud dessèche les muqueuses respiratoires qui n’arrivent plus à se défendre, le risque infectieux devient maximal.

« Pour bien faire, il faut régulièrement s’hydrater et aérer. Ouvrir les fenêtres, ne pas boucher les aérations, bien faire entretenir sa chaudière et investir dans un détecteur de fumée et de monoxyde de carbone (20 à 30 €), c’est enfin très important pour ne pas être victime, comme 5000 Français, d’une intoxication à ce gaz. Inodore et incolore, il est produit par une chaudière défectueuse et tue encore chaque année environ 90 personnes. » Des décès tous évitables.


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